Du juste prix des livres d’occasion

Du juste prix des livres d’occasion
Photo de Juan Gomez sur Unsplash

Hier en fin de journée, je parcourais la Gran Vía Marqués del Turia de Valencia à l’occasion de la Feria del Libro Antiguo y de Ocasión, à la recherche de livres anciens sur la photographie ou sur l’histoire industrielle… Pas grand chose à me mettre sous la dent, mais surtout une interrogation : quel espace subsiste-t-il pour les bouquinistes face à certaines plates-formes en ligne ?

Tout en l’écrivant, je me rends compte que ma question est mal formulée. Elle devrait être : comment un bouquiniste peut-il survivre, sans être présent sur les plates-formes de vente en ligne de livres d’occasion, et surtout pratiquer des prix 25 % supérieurs en pensant que le client ne fera pas l’effort de la comparaison.

Deux exemples vécus :

  • La photographie des couleurs, édition originale de 1924, par Jean-Marie Thovert, m’est proposé au prix de 100 euros, avec tous les arguments du vendeur pour m’expliquer en quoi cet exemplaire est particulièrement intéressant à ce prix. Une petite recherche en ligne et je trouve le même livre à vendre au prix de 80 euros. Mon bouquiniste me propose donc un prix de 25 % supérieur à celui d’un libraire français. Certes, je dois payer des frais d’envoi, qui augmentent l’addition et affichent un coût complet de 91,20. La différence n’est plus que de 10 % pour l’acheteur, mais reste bien de 25 % pour le vendeur. Ces 25 % sont-ils le prix d’un service particulier ? non. De la rapidité, oui, puisque je repars avec le livre au lieu de l’attendre dix jours. Du changement climatique, oui, parce que j’évite un transport. Mais est-ce normal que cel soit le commerçant qui encaisse ces 25 % intégralement alors qu’ils ne correspondent pas un service de sa part ?
  • Le bazar de la charité, de Paul Morand, édition originale de 1944, numérotée, illustrée par Paul Monnier, m’est proposée au prix de 500 euros ! Là encore, le vendeur ne tarit pas d’éloges sur cet ouvrage. Ma petite recherche en ligne le fait apparaitre à 315 euros… soit cette fois une surprime de 59 % ! En ajoutant les 15 euros de livraison, on compare tout de même 330 euros et 500 euros. J’ai passé mon chemin…

Ce qui m’étonne, et c’est l’objet de ma réflexion dominicale, c’est la pratique de ce bouquiniste. Considère-t-il que les plates-formes n’existent pas ? Ou que ses clients ne les utilisent pas ?

Ou tente-t-il simplement de faire un gain sur l’ignorant, et accepterait-il de baisser le prix à la négociation ? C’est pire car il considère alors que le client mal informé n’a qu’à payer plus…

L’argument du coût de transport, tout comme celui de l’émission de CO2, sont valides. En particulier pour le premier ouvrage et donc pour des livres peu onéreux. La différence restante n’est pas très sensible. Pour des ouvrages plus dispendieux, c’est autre chose. Reste l’aspect psychologique. Je n’achèterai pas ces ouvrages chez ce bouquiniste, tout simplement parce que je considère qu’il a tenté de m’avoir. Il a tenté de réaliser un bénéfice plus important simplement basé sur ma potentielle ignorance, et non sur le service fourni.

Alors un conseil si vous êtes également à la recherche de livres anciens. Ne laissez jamais de côté un petit tour sur Google et sur Abebooks. Ils vous donneront des éléments de comparaison. A vous ensuite d’évaluer si la différence de prix constatée est méritée par le service apporté. Et c'est vrai également pour des livres récents. Vous voulez acheter un livre d'occasion, car c'est mieux pour la planète, et que cela "devrait" être moins onéreux... mais certaines librairies d'occasion sur-facturent certains ouvrages d'occasion, que vous trouverez moins chers, neuf, sur une plate-forme de type Fnac ou Amazon, que d'occasion...