Un appareil photo pour distinguer le vrai du faux
Alors que l’IA générative fait la Une depuis plus d’un an, son déploiement ramène sur le devant de la scène des questions très philosophiques, comme celle par exemple de la distinction entre le vrai, et le faux.
La philosophie a depuis toujours travaillé sur cette différence entre le vrai et le faux. N’ayant ni les connaissances ni le temps pour réaliser moi-même une synthèse des courants philosophiques traitant du sujet, j’ai demandé à ChatGPT 4 de m’en produire un résumé… en espérant qu’il n’hallucine pas trop… car je n’ai pas les compétences pour vérifier son texte. Le voici :
La distinction entre le vrai et le faux, ainsi que celle entre le réel et l'irréel, est un sujet complexe qui a été largement débattu en philosophie. Voici quelques perspectives philosophiques clés sur ces questions :
Platonisme : Pour Platon, la vérité se trouve dans les formes idéales ou les idées, qui sont éternelles et immuables. Le monde sensible que nous percevons est seulement une copie imparfaite de ce monde des idées. Ainsi, le "vrai" est ce qui correspond aux formes idéales, tandis que le "faux" est ce qui s'en écarte.
Empirisme : Les empiristes, comme John Locke et David Hume, soutiennent que la connaissance provient de l'expérience sensorielle. Le "vrai" est ce qui peut être vérifié par l'expérience, tandis que le "faux" est ce qui ne peut pas être confirmé de cette manière. Le réel est ce qui est perçu par les sens, et l'irréel est ce qui n'est pas perceptible.
Rationalisme : Les rationalistes, comme René Descartes, croient que la raison est la source principale de la connaissance. Le vrai est ce qui est logiquement cohérent et clairement conçu par la raison, tandis que le faux est ce qui est illogique ou incohérent.
Constructivisme : Cette perspective suggère que la vérité et la réalité sont construites par les processus sociaux, culturels et individuels. Ce qui est considéré comme "vrai" ou "réel" dépend du contexte et des systèmes de croyances.
Postmodernisme : Les postmodernistes, comme Jean-François Lyotard, remettent en question l'existence d'une vérité ou d'une réalité absolue. Ils suggèrent que ce que nous considérons comme "vrai" ou "réel" est influencé par le langage, le pouvoir et les relations sociales.
Phénoménologie : Des philosophes comme Edmund Husserl et Martin Heidegger se concentrent sur l'expérience vécue. La réalité est perçue à travers le prisme de nos expériences subjectives, et la "vérité" est relative à ces expériences.
En réalité depuis déjà de nombreuses années, nous sommes adeptes d’un entre-deux.
La plupart des photos publiées, que ce soit en ligne ou dans les magazines, ont été retouchées. C’est à dire qu’elles ne sont plus vraies, sans pour autant être totalement fausses.
La plupart des courriels, des documents textes, des présentations, sont passés au contrôle d’un correcteur orthographique et grammatical, réparant les vraies erreurs que nous aurions faites.
La plupart des morceaux de musique, des podcasts, des émissions de radio, passent au travers de filtres qui intensifient le signal, écrêtent certaines fréquences, rendent le son plus profond, donnant là encore un aspect différent de la réalité, sans pour autant créer du faux.
Par ailleurs, nous nous inspirons tous de quelque chose. Aucun musicien ne peut créer sans avoir écouter la musique d’autres; aucun auteur ne peut écrire sans avoir lu; aucun photographe ne peut déclencher sans avoir admiré d’autres photos. Sommes-nous de ce point de vue, vraiment différents des techniques d’apprentissage machine; où ne sommes-nous que des systèmes d’apprentissage humains ?
Peut-être finalement ne nous posons-nous pas les bonnes questions. Où alors nous posons-nous des questions finalement inutiles. Spinoza rejetterait d’ailleurs l’idée d’employer les termes “vrai” ou “faux” pour parler des travaux de l’intelligence artificielle. Il préfèrerait parler de “réel” ou d’”irréel”; ce qui ne changerait pas une ligne au paragraphe précédent, expliquant que nous sommes entrés depuis des années dans un monde partiellement irréel. "« Réel et irréel » qualifient les choses, tandis que « vrai » et « faux » qualifient les jugements que nous portons sur les choses. Le soleil n’est ni vrai, ni faux, il est réel. La vérité désigne l’adéquation entre ce qu’est réellement une chose et ce que l’on pense d’elle. Dans le cas de l’or des critères permettent de juger si c’est du vrai ou du faux or”. La terre est donc ronde, c’est une réalité. Même si cela peut sembler faux pour certains platistes ;-)
Mais rappelez-vous, il y avait dans le titre de ce billet, le mot “appareil photo”, et nous en sommes bien éloignés… Pas tant que cela, car ce texte m’a été inspiré par un communiqué de presse de Leica, reçu le 26 octobre dernier, et présentant le Leica M11-P : “Le premier appareil photo au monde à créer une chaîne d'authenticité transparente, de la capture à la publication, grâce aux informations de traçabilité du contenu”, commercialisé tout de même au prix moyen de 9000 euros… c’est un Leica !
Visuellement, c’est… un appareil photo… mais la magie, et l’objet de ce billet hautement philosophique est ailleurs, dans le logiciel dont il est équipé. “…à l'ère du numérique, le contenu peut être facilement manipulé. Les images falsifiées et créées artificiellement privent les utilisateurs de leur confiance dans l'exactitude du contenu numérique et rendent difficile la preuve de l'authenticité de leurs propres photos. Un problème crucial qui met en péril les fondements du reportage photographique… Il s'agit du premier appareil photo au monde à stocker des métadonnées en attachant des informations de traçabilité du contenu (Content Credentials) au moment de la prise de vue, afin de protéger l'authenticité des images numériques. Les informations de traçabilité du contenu sont le marquage numérique et la norme industrielle la plus largement adoptée pour tous les types de contenu, ainsi que la base d'une confiance et d'une transparence accrues en ligne… Le M11-P est le premier à utiliser des métadonnées sécurisées en conformité avec la norme open-source CAI (Content Authenticity Initiative). Cette fonction offre une plus grande transparence lors de la conception et de la modification d'une image. Elle permet de joindre en toute sécurité des informations telles que les noms, les dates, les modifications apportées et les outils utilisés, ce qui permet de connaître l'origine du fichier. Avec Content Credentials, chaque image Leica M11-P capturée reçoit une signature numérique soutenue par un certificat conforme au CAI. L'authenticité des images peut être facilement vérifiée à tout moment à l'aide d'un outil CAI libre et gratuit ou en visitant le site https://contentcredentials.org/verify ."
A chacun de juger si, de son point de vue, il préfère une image générée ou retouchée par un outil d’intelligence artificielle ou pas. Ce n’est pas la question. La CAI ne se positionne pas. Elle se contente de défendre la transparence. Si je reçois une image, un texte, un morceau de musique, il est normal que je puisse, si je le souhaite, savoir comment il a été composé, arrangé, modifié. Cela n’empêchera personne d’utiliser l’IA actuelle et future, mais cela évitera la manipulation et la désinformation. Sujet ô combien clivant depuis ces dernières années.
Personnellement, je souscris à 100 % à l’initiative, et - si j’en avais les moyens - je m’offrirais volontiers ce Leica. Etant plutôt équipé en Canon, je vais attendre que la marque japonaise développe une initiative similaire. C’est peut-être en cours, car Canon a déjà annoncé avoir rejoint la CAI.