La data à l’époque de la Stasi

La data à l’époque de la Stasi
Des cartes individuelles où étaient consignées les informations sur les citoyens, les informateurs, leurs activités... Bien ordonnées, et organisées... de nos jours, on dirait "gouvernées".

A l’occasion d’un court séjour à Berlin, où je n’avais pas passé plus de 48 heures depuis quarante ans, j’ai pu retrouver quelques traces de ce qui avait émaillé de fantasmes mon séjour linguistique de jeune collégien. C’était sans doute autour des années 1981/1982, le mur était bien là, haut et droit; la traversée en train de l’Allemagne de l’Est était impressionnante, chiens et militaires inclus; le passage à l’Est de Berlin pour une journée de visite révélait les tensions bien palpables, ainsi que des différences notables de culture et de moyens.

Je n’avais bien sur, et heureusement, pas eu affaire avec la Stasi, mais toute cette ambiance prendra corps plusieurs années après, lorsque la vie en DDR sera révélée au grand public de l’Ouest.

De passage donc de nouveau dans un Berlin recomposé, aux traces du mur omniprésentes, mais en même temps ville réunifiée, la visite du musée de la Stasi, dans les anciens locaux de cette police politique, révèle quelques artéfacts intéressants au coeur d’un complexe gris, à l’intérieur comme à l’extérieur, comme dans les mémoires de beaucoup de berlinois qui l’ont connu à l’époque.

Rappelons que la Stasi est le ministère de la Sécurité d'État (en allemand : Ministerium für Staatssicherheit, MfS), dit la Stasi (abréviation de Staatssicherheit). C’était le service de police politique, de renseignements, d'espionnage et de contre-espionnage de la République démocratique allemande (RDA/DDR) créé le 8 février 1950

Alors que maintenant ce sont les données qui structurent ma vie professionnelle, je n’ai pas pu m’empêcher de réaliser cette visite touristico-culturelle sous l’angle des “data”.

Une armoire forte, qui contenait les secrets les plus importants...

Cartes individuelles où étaient consignées les données de chaque personne surveillée; classeurs de rangement de ces fichiers, et d’autres regroupant les courriers ouverts pour surveiller les correspondances; armoires fortes gardant les plus secretes des informations… et surtout les quelques pièces conservées dans leur état d’origine, avec leur mobilier des années 60-70. Aucun luxe ostentatoire, même le directeur de la Stasi disposait d’une chambre monacale et d’une salle de bain rudimentaire. Tout était mis au service de l’Etat, et de la surveillance paranoïaque des citoyens, tous suspects.

Les courriers étaient ouverts, lus, annotés, et sans doute parfois conservés. Tout le monde était avant tout un suspect.
Les cartes de données étaient organisées afin d'être disponibles le plus rapidement possible.

Message indirects aux responsables data de 2023… A l’époque la gouvernance des données était assurée ! Catalogues de données, vérification de la qualité des informations glanées, conformité avec les standards définis par l’Etat, etc. Et en cas de manquement les sanctions étaient impitoyables… Mais finalement, à la vue de ces photos, j’ai l’impression de voir ce qu’étaient en 1960-1980, les data warehouses, SGBD/R et data lakes de l’époque.

Chambre attenante au bureau du directeur de la Stasi, lui permettant de rester disponible à toute heure.
Espace de réunion dans le bureau du directeur de la Stasi.

Une visite forte, à conseiller à tous, et un clin d’oeil aux architectes data de notre époque !