Excel, voiture autonome, ChatGPT : ce que cela révèle de notre insécurité

Excel, voiture autonome, ChatGPT : ce que cela révèle de notre insécurité
Photo Philippe Nieuwbourg / Musée de l'informatique de Montréal - Hochelaga Maisonneuve (2013)

La grande mode actuellement, face aux IA génératives, dont le fameux ChatGPT, c’est de les tester, et de s’enorgueillir de les avoir trompé ! Cette tendance en dit long sur notre propre insécurité. Tiens, en passant, j’ai constaté que ce sont essentiellement des hommes qui publient ce genre de tests, fiers d’avoir mis en échec la machine… Allo ? Docteur Freud ?

Mais faisons un petit retour en arrière. Lors de l’invention des premières calculatrices, qu’on fait les mathématiciens ? Ils ont passé des mois à vérifier à la main les calculs faits par la machine. Lors de l’invention du tableur Visicalc, en 1979, qu’ont fait les comptables ? Ils ont passé des mois à refaire avec leur calculatrice (ils ne savaient déjà plus compter à la main) les calculs faits par le tableur ?

Plus proche de nous, regardez comment nous traitons le sujet des voitures autonomes. “Chaque année dans le monde, on compte 1,35 million de décès sur les routes pour 20 à 50 millions de blessés, soit 1 mort toutes les 21 secondes environ. L'OMS prévoit qu'en 2030, 2,3 millions de personnes mourront à la suite d'un accident de la route” (Source : Planetoscope) et bien peu d’articles de journaux traitent du sujet. Pourtant il suffit qu’une seule voiture autonome renverse un piéton pour que cela fasse les gros titres ! Nous voudrions des voitures autonomes, mais nous nous réjouissons qu’elles fassent une petite erreur, quand l’Homme en fait des millions bien plus importantes par an dans le monde. Allo ? Docteur Freud ? Un rapport entre la voiture et le genre masculin ?

Ce qui m’a donné envie d’écrire ces quelques lignes, c’est un commentaire fort juste publié par Guy Ridarch sur LinkedIn : “… Les IA posent la question de savoir si nous vivons la quatrième humiliation de l'humanité ? Pour rappel, il y a un peu plus d'un siècle, Sigmund Freud identifiait trois humiliations majeures subies par l'humanité. La première (avec Copernic) étant que l'Homme n'est pas au centre de l'univers ou de la Création. La seconde (avec Darwin), que nous étions "un animal comme les autres" et pas une race à part. La troisième (amenée par Freud) étant que nos décisions nous échappent. Cette quatrième humiliation, que nous vivons peut-être actuellement, est de croire que nous nous distinguons par notre intelligence, notre créativité. Les intelligences artificielles viennent bousculer cela, en souligner la médiocrité de nos capacités de raisonnement. Alors, piqué au vif, nous lui montrons à quel point "elle est stupide" et nous pas. Mais n'est-ce pas vain et futile ?

Cette recherche permanente de l’erreur dans ces nouvelles IA en dit beaucoup en effet sur notre insécurité. Freud y verrait d’ailleurs peut-être des rapports avec la taille de notre organe sexuel… En insistant sur les quelques erreurs que nous trouvons, nous faisons rapidement fi des milliards de choses que nous ne connaissons pas, et que ces machines connaissent. Avoir trouvé une erreur nous rassure et nous conforte dans notre supériorité ? Cela devrait au contraire nous motiver à améliorer la machine.

Nous motiver à comprendre comment nous pouvons mieux les utiliser !

Nous avons appris à utiliser des outils (le marteau, la calculatrice, la voiture…) certes de manière imparfaite, mais tout de même plus efficace que le poing, le papier-crayon, et le cheval… Faisons de même avec ces IA. Ne cherchons pas à les minimiser en pointant quelques erreurs. Mettons nous à leur place, éduquons-les, améliorons-les, utilisons notre incroyable cerveau pour les aider à progresser. Et grâce à ces efforts, elles feront de moins en moins d’erreurs, nous serons fiers des progrès accomplis, et elles pourront alors… nous remplacer… Oups…